Lundi matin : départ de notre Haute-Savoie natale, nous partons à 7h30, le camion chargé à bloc ainsi que la voiture et la remorque transportant la moto et un scooter pour se déplacer sur le circuit.
On arrive sur place vers 15h, on passe au Welcome Center, on récupère les pass et les différents stickers à coller sur tous les véhicules.
On prend ensuite le chemin des paddock, passage de la sécurité à l’entrée du circuit, l’excitation commence à monter.
Bonne surprise : les paddock Bol d’Argent et Bol Classic sont au top : goudron au sol (c’est en fait un parking) et même toit au-dessus dessus de nos têtes : il y a de grandes (très grandes) rangées de panneaux solaires qui nous abritent. On nous donne une place d’environ 100m2, parfait pour tout installer.
Le courant est accessible et de bonne qualité. Une bonne rallonge et on a de quoi alimenter notre team (a ce sujet, aucun problème de plombs qui sautent, malgré une utilisation intensive).
Pendant qu’une partie du team finit de décharger et monte le camp, Antoine et moi allons faire les courses pour la semaine.
A notre retour vers 18h, le camp et monté, le frigo rempli et nous sommes prêts à attaquer la semaine.
Mardi matin, après une bonne nuit, réveil à 8h00, notre premier roulage ayant lieu de 11h00 à midi.
On se rends compte à 8 :40 que le briefing a lieu à… 8h15. On commence bien la semaine (mais ce ne sera qu’une broutille comparé à la suite des évènements, on ne le sait juste pas encore). On abandonne donc notre petite déjeuner pour filer à l’accueil du circuit et s’assurer que même si on n’a pas suivi le briefing on pourra quand même rouler.
Sur place on récupère les papiers et pas de soucis pour rouler, il faudra juste passer près du camp du Moto Club du Castellet pour prendre des infos pour le roulage, ce que l’on fait sur notre retour au paddock.
On nous brief donc rapidement sur le circuit, sachant que nous n’y avons jamais mis les pieds. Pas de consigne particulières si ce n’est de ne pas rouler à coté de nos pompes et faire attention certaines parties seront peut-être bosselées, bien se serrer à gauche dans le mistral afin de se faire dépasser facilement par la droite.
11 :00 notre première séance d’essai débute. Aucun des deux pilotes n’a jamais mis les roues sur ce circuit, aucun des deux ne connait la moto et aucun des deux ne connait notre monte pneumatique (Dunlop D212 Gp Pro). De plus les réglages de la moto sont théoriques et les plaquettes de frein neuves sont à rôder. On y va donc tranquille pour cette première session, il s’agit principalement de faire de la reconnaissance du circuit, prendre ses marques, trouver des repères. En gros rôder la moto et rôder les pilotes.
C’est Jérémy qui s’élance en premier dans ce roulage, premier relai prévu de 15 minutes. Au final il roulera environ 20 minutes dans des chronos aux alentours des 2’32. Renaud prends ensuite son relais, 15 minutes prévues également. Il roule un peu plus fort que Jérémy, et signe un meilleur chrono du matin à 2’30.400
Jérémy prends un dernier relais, mais nous n’avions pas compté le temps passé à changer de pilote, à partir en début de séance etc. Du coup Jérémy prends le relais à 4 minutes de la fin et ne pourra faire que deux tours.
Tout ce petit monde rentre au paddock, un grand sourire sur les visages. Même si nos temps sont loin des meilleurs, on est dans le cut de l’année dernière et les pilotes ont pris du plaisir, l’objectif de cette première séance est donc rempli.
Les deux pilotes partagent l’avis qu’ils ont un peu de mouvement / louvoiement dans le mistral, on procèdera à un petit réglage entre les deux séances. Sinon la moto se comporte bien.
Le second roulage de la journée à lieu à 14h. C’est une fois de plus Jérémy qui prends le guidon et part pour une séance prévue de 25 minutes (+25 minutes pour Renaud, ce qui nous laissait du temps pour les tours de rentrée au stand et le changement de pilote).
Cependant nous devions aussi rouler jusqu’à la réserve pour effectuer nos premiers calculs de consommation. A 4 tours de la fin de son relais, Jérémy voit le témoin de réserve s’allumer et rentre donc prématurément au stand vers 14h20.
Le temps de faire le plein et de changer de pilote, nous décidons que Renaud finira cette séance d’essai pour les 30 minutes restantes.
A chaque passage sur la ligne, Renaud améliore son temps d’environ une seconde, jusqu’à un 2’25.800 soit une amélioration de presque 5 secondes depuis la séance du matin, on est donc sur la bonne voie et le réglage effectué à midi a résolu les problèmes de louvoiement.
Après cette amélioration de chrono, on attends son passage sur le muret avec impatience pour valider ou non la progression.
5 seconde de retard… 10 secondes de retard… 20 secondes de retard…
Drapeau rouge, crash sur la piste. Les sirènes de l’ambulance résonnent dans la Pitlane…
On se dit alors que Renaud a probablement été ralenti par l’incident et qu’il va pas tarder à la sortie du virage du Pont. Mais rien.
Très sincèrement à ce moment-là je n’en mène pas large. Plein de choses se bousculent dans ma tête et le combo drapeau rouge + ambulance me font peur. Je me demande ce que je fais là, pourquoi j’ai engagé un pote et un membre de ma famille dans cette histoire, et j’espère tout au fond de moi que Renaud n’est pas impliqué.
Notre voisin de stand rentre, je lui demande si il a vu l’incident et me confirme que c’est bien la 111 qui s’est crashée.
MAIS il me dit aussi « mais il va bien, je l’ai vu se relever ».
C’est déjà ça, un gros OUF de soulagement. Quelques secondes après (probablement, moi j’ai trouvé que ça durait beaucoup trop longtemps), l’ambulance traverse la Pitlane, je cours derrière jusque dans le garage du médical center. On me dit gentiment que je n’ai rien à faire ici et qu’il faut que je fasse le tour. L’ambulancier m’indique cependant que tout va bien pour lui, il n’a rien.
Quelques minutes d’attente encore, le temps que Renaud passe devant le Doc du médical center et il est prêt à reprendre la piste. Ou presque…
On rentre donc au Paddock, plus de peur que de mal, mais on ne connait pas l’état de la moto. Renaud l’a juste vue glisser, mais n’a pas pu voir dans quel état elle est. Il a la rage. Il est « presque » prêt à rouler car sa combi est complètement morte, gros trou sur la protection d’avant-bras droit et avant-bras gauche déchiré au niveau du tissus néoprène/kevlar.
On revoit nos priorités : retrouver la moto dans un premier temps, voir pour la combi dans un second temps.
Pour la moto, on nous dit tout et son contraire : ils nous la ramène à notre paddock, il nous la ramène à l’entrée du paddock, elle reste sur la Pitlane.
Au cas ou, on attends un moment au paddock, rien. On attend à l’entrée du Paddock, rien. On va faire le tour de la Pitlane et on la retrouve au Box des comissaires et vérifications techniques. « Tu cherche ta moto ? » me lance le commissaire. Moi d’acquiescer et de me ruer dessus pour constater les dégâts.
Elle est vraiment tombée cette moto ? De loin rien à signaler, de près :
- Levier de frein avant
- Pédale de frein arrière
- Protection de levier
- Protection de carter embrayage
- Top Block.
Le réservoir et la coque arrière n’ont rien. Pour ceux qui connaissent le tracé, à la sortie du double droite, renaud a été surpris par une trajectoire peu conventionnelle et a attrapé le frein avant par réflexe. PR19x18 + GPX PH = ca freine fort… Tellement qu’il a bloqué la roue avant et a perdu la moto. Celle-ci a continué son chemin sur le bitume pour s’arrêter sur la piste de l’ancien tracé et n’a donc pas rencontré d’obstacle sur son chemin.
Au final on a de quoi réparer donc tout va bien. Je passe chez tonton pour un demi levier, une paire de protège carter et le lendemain matin nous irons chez Triumph Toulon (Road Spirit si mes souvenirs sont bons) pour une pédale de frein (102 euros, après 3 pelle tu as rentabilisé les commandes reculées).
On remonte tout ça gentiment et la moto est prête pour reprendre les essais le jeudi. Entre temps il y a les vérifs techniques (LOL, j’y reviendrai).
Pour le problème de la combi, je pars avec Renaud à travers les Padock afin de peut-être trouver une couturière charitable qui veuille bien rapiécer notre chiffon. Après avoir cherché un bon moment je repère le van de Matt Racing.
Je me pointe sur leur campement, leur montre la combi et Florianne qui nous a accueilli nous dit gentiment que la combi est morte et que les réparations couteront plus chères que la combi… Coup dur, les vérifs sont demain et on a pas de combinaison.
Mais Florianne, spontanément, nous dit qu’elle nous prête gratuitement une combi pour la fin de semaine. Elle en a une qui correspond à la taille de Renaud alors que celle qui va désormais nous servir de présentoir n’e venait pas de chez eux. Respect. On passe le lendemain matin et comme promis Florianne nous prête la combi. Un gros pouce en l’air pour eux.
La journée de mardi se finit donc mieux qu’elle n’a commencé, nos deux pilotes sont en bonne santé, équipés et ont un jour de repos avant la reprise des roulages le jeudi.
Mercredi c’est le jour des vérifs (techniques et administratives). Le mardi en fin de journée, un membre de l’orga est passé nous voir dans les paddocks pour nous indiquer que le créneau de 9h à 12h était annulé et que les vérifs auraient lieu seulement à partir de 13h.
Le mercredi matin on a donc fait changer les pneus tranquillement et préparé la moto pour les vérifs. 13h pétante les pilotes et moi-même nous rendons dans le hall de l’accueil pour les vérifs administratives. On récupère brassards, transpondeur et bracelets et on part pour les vérifs techniques.
Le commissaire sur place nous dit qu’on est bien gentils mais que lui était là depuis 9h ce matin, que personne ne s’est pointé et que maintenant il va manger. Retour à 14h seulement, avec une bonne couche de gentillesse sur l’orga Larivière quand je lui explique qu’on est venu nous voir la veille pour nous dire que les vérifs du matin ont été suspendues.
Bref, on se pointe à 14h et il commence a y avoir un peu de monde. Les vérifs de la moto passent sans souci, 102dB au sono, et aucun check (ou presque) mis à part si on a bien mis de l’eau à la place du liquide de refroidissement. C’est à peine si il regarde si les vis sont bien freinées.
D’ailleurs on prendra deux remarques par la suite pendant les essais : les trous du sabot ne sont pas au bon endroit et les vis liées à l’échangeur eau / huile ne sont pas freinées.
Re Bref…
Jeudi on se lance dans les essais. La première séance du matin, Jérémy débute et améliore bien ses chrono il fera la meilleure performance de ces essais avec un 2’26.578, mais lorsqu’il rentre le garde boue avant est complètement détruit… Les D212 GP pro étant plus hauts que l’origine, ils viennent frotter dans la ligne droite et ont fait fondre, puis fendre le garde boue. On le démonte pour éviter qu’il ne se détache de lui-même et Renaud prend son relais. Drapeau rouge dans son 3e tour et il n’améliorera pas le Chrono de Jéremy durant cette séance, en cause le drapeau rouge et une moto qui vibre beaucoup à haute vitesse sans le garde boue.
On rentre alors au Paddock avec un peu de mécanique à faire. Mais nous n’avons pas de garde boue de spare. On rappelle Triumph Toulon et ils en ont un d’occasion, en bon état, gris (OSEF). On descends donc vite sur place, entre temps on prépare de pattes de déport. On loupe la séance d’essais libre de l’aprem mais on est prêts pour la première séance de qualif du soir, garde boue remonté.
20 minutes pour Jérémy qui signe un meilleur temps en 2’24.074 et nous qualifie en 61e place, 20 minutes pour Renaud qui n’améliore pas et signe un 2’26.474.
On est loin des premiers, mais on est qualifiés à ce stade et notre objectif est de rallier l’arrivée. Surtout, on progresse, les meilleurs temps du team tombent et c’est tant mieux.
Enfin une séance ou tout se passe bien, on est prêts pour le vendredi.
Vendredi matin : Q2 à 8h30 on est donc debout tôt.
Jérémy se lance dans sa séance de 20 minutes et sors un 2’21'800 soit encore une belle amélioration de la veille.
Renaud part dans sa séance et prends un drapeu rouge après 3 tours… Décidément… Il repart pour un tour et revient au stand : il ne peut plus descendre les rapports. On fait un test sur la Pitlane, les rapports passent. On vérifie la garde de l’embrayage et il repart.
Retour après deux tours : toujours impossible de descendre les rapports. La séance est terminée et son meilleurs temps est de 2’31.095.
Premier objectif rempli : nous somme qualifiés 66e sur la grille sur 67 participants.
Par contre on ramène une fois de plus un problème au paddock. On essaiera tout : changement d’embrayage, vidange, re re re vérification de la garde, impossible de descendre les vitesses.
On part donc sur la ligne de départ le cœur lourd, mais pas question d’abandonner. Le règlement indique que l’on a pas de tours minimum pour être classés. Au pire des cas, on fait un tour, on parc la moto au stand et on ressort pour le dernier tour, mais hors de question que j’aille signer la feuille d’abandon.
Jéjé prends le départ et vire à la verrerie en ayant pris 8 places. Après 40 minutes de son premier relais il rentre au stand pour le changement de pilote et me dit « le circuit passe tout en 6, on peut aller au bout comme ça ». L’espoir revient, Renaud prends son relais et c’est reparti, tout en 6.
Changement de Pilote, Jérémy reprends la moto. Il veut pousser, il en veut. Il sort des virages les plus lents en faisant cirer l’embrayage, et ce qui devait arriver arriva : l’embrayage est mort (ou presque). Il s’arrête devant un commissaire à l’entrée de la ligne droite du Mistral. Tout ce que veux savoir Jérémy c’est si on est disqualifiés si on rentre en dépanneuse, sinon il est preêt à pousser la moto jusqu’au Box. Le commissaire lui dit que non, ils chargent la moto et une fois posé Jérémy comprend qu’il faut juste relacher la garde de l’embrayage. Une fois fait, retour au stand et changement de pilote. On perd 45 minutes dans la mésaventure mais la 111 est toujours en piste et sur ses roues .
On finira la course après 3 heures et la moto passe la ligne d’arrivée 56e.
On est tous très fiers, JE suis très fier de mes gars. Ils n’ont rien lâché, on est allé au bout, même dans la difficulté.
Bravo à eux, bravo à nous, on l’a fait. Des souvenirs pleins la tête, c’était magique.
PS : le problème de boite vient manifestement de l’arbre de sélection.