Interview de Jules Cluzel : '' Le souci est que c'est quand même Sofuoglu (rire)''
Jules a effectué comme d'habitude une course brillante à Misano, se classant excellent deuxième à seulement 1.2 de Kenan Sofuoglu.
Comment se sont passés tes essais ?
"Plutôt bien parce que j'ai toujours été parmi les deux premiers. Je faisais des chronos réguliers lors de chaque séance. Je n'échouais pas loin de la pole position samedi après-midi, donc ça laissait augurer d'une bonne course.
Et la course elle-même ?
"En fait, je pouvais passer premier tout de suite, dès le premier virage, mais j'ai préféré laisser passer Lowes pour ne pas mener la course et voir comment il allait la gérer. Pour moi, mes adversaires directs pour la course allaient être Sofuoglu et Lowes. Il fallait également voir ce qu'allaient faire Foret et Parkes. Mais pour la fin de la course ce serait eux les clients et c'est ce qui s'est passé.
"Tout de suite Sofuoglu a passé Lowes, et aussitôt j'ai fait de même. J'étais alors deuxième et je me suis appliqué à le suivre. Je me suis retourné pour voir où en étaient les autres derrière, et au final j'ai été assez surpris de voir que les écarts augmentaient rapidement derrière. J'étais plutôt content et satisfait de ce côté-là. Je me suis appliqué pour suivre Sofuoglu, en essayant d'user un peu moins les pneumatiques que lui parce que les Kawa sur la fin de course sauvegardent un peu mieux leurs pneus. D'autre part Sofuoglu est véloce en fin de course.
"A deux tours de la fin, je fais une petite erreur sur un freinage où je perds deux dixièmes. Lui le voit à son panneautage et en profite en faisant de bons chronos. A ce moment-là, j'ai fait une autre erreur qui m'a coûté vraiment cher. Puis j'ai lâché dans le dernier tour car ce n'était plus possible.
Oui, vous êtes passés de 1'39 à 1'40 tous les deux, toi en 1'40 dans les trois derniers tours et Sofuoglu seulement dans le dernier tour.
"En fait, ça s'est joué vraiment dans les deux derniers tours. A l'entrée du dernier tour, il a vu qu'il avait, je pense, 6 à 8 dixièmes et que c'était fait.
Au 19e tour, tu étais dans sa roue à 0.1, au 20e tour à 0.6, au 21e à 1.0 et au 22e sur la ligne d'arrivée à 1.2.
"Et il a vu tout ça… Il est assez simple de rouler en 1'39. A la mi-course, on faisait facilement 1'39.6 à 1'39.8. Moi j'étais derrière, j'attendais, c'était bien. Mais le problème c'est qu'en fin de course j'avais du mal à faire des chronos de 1'39.8 et il fallait vraiment que je m'applique pour ne pas faire d'erreur. Et le souci c'est que j'ai fait une petite erreur qui m'a coûté beaucoup trop cher. Mais je suis assez content quand même de cette course où j'ai vu beaucoup de choses par rapport à Sofuoglu : son style, ses points faibles, ses points forts et c'est bien pour évoluer pour les prochaines courses.
D'autant plus qu'après 6 courses tu es à 22 points, alors qu'on n'en est pas encore à la mi- saison puisqu'il reste 7 courses ?
"Oui, la saison est longue. Le souci est que c'est quand même Sofuoglu (rire) et qu'il sait gérer un championnat. Il est très incisif. Il parait à la limite par exemple sur certains freinages, mais il chute peu et je pense que c'est un de ses points forts. Il va falloir essayer de le titiller et de grappiller des points.
En ce qui concerne ton actualité immédiate, tu courras ce week-end les Silverstone 200 ?
"On y va vraiment en tant que test. Si ça avait été des essais, ça aurait été sûrement mieux. Mais on va en profiter pour voir ce qu'en simulation de course ça peut donner. On va voir les pneumatiques et la moto sur la distance de la course, ça peut être un avantage pour préparer la manche du championnat du monde dans deux mois. Mais ils annoncent de la pluie, et je ne sais pas si rouler un week-end entier sous la pluie servira à grand-chose. Mais bon, on verra sur place comment gérer ça."
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Interview de Sylvain Barrier, courageux vainqueur en Superstock
Avec une épaule encore convalescente et douloureuse, Sylvain a réussi un grand exploit en remportant la course des Superstock 1000 à Misano. Grâce à cette superbe victoire, il est désormais en tête du championnat.
"J'ai essayé d'économiser mon épaule au maximum pendant tout le week-end. Le mardi précédent, j'étais encore au Centre de Rééducation d'Hauteville et je ne savais pas si je pourrais faire la course ou pas car le chirurgien ne m'avait pas encore donné son accord. On a fait des radios de contrôle. La greffe avait bien commencé à prendre, mais n'était pas encore consolidée car il faut deux à trois mois. J'ai une butée qui tient sur le biceps que je n'ai pas le droit d'utiliser. Le docteur Garret m'a dit que tout se passait bien, mais qu'il ne fallait pas que je fasse la course pour que la consolidation se fasse bien. Je lui ai dit non, que j'étais deuxième au championnat. Alors il m'a dit OK, mais est-ce que tu es capable de ne pas tomber ? Il me dit ça à moi, heureusement qu'il ne me connait pas trop (rire) ! Je lui ai dit oui oui, il n'y a pas de souci, je vais être sérieux et je vais faire attention.
"Les premières séances, j'y suis allé cool pour voir comment me placer sur la moto afin de ne pas avoir trop mal. Je n'ai fait aucune piqure le vendredi et le samedi. Ça s'est bien passé, et j'ai fait des injections pour la course car alors tu es au-delà des limites. Comme il y avait 14 tours, je n'ai pas pris de risque et j'ai préféré être tranquille.
Comment s'est passé le début de la course ?
"J'ai vraiment pris un bon départ par rapport à d'habitude. Je me retrouve sixième dans le premier virage. Après je fais l'intérieur dans le deuxième virage à Guarnoni, puis les freins à Reiterberger dans le virage suivant. Je ne pouvais pas forcer à cause de mon épaule, donc je me suis calé dans un rythme, en sachant que les Panigale n'allaient pas tenir le choc au niveau des pneus. Puis il y a eu le drapeau rouge.
Tu t'es retrouvé "sous enquête". Pourquoi ?
"Avant le tour de formation, en sortant des stands j'ai fait un tout petit départ. Lors du warm up j'avais eu un problème avec l'embrayage et j'ai voulu vérifier que tout allait bien. Normal, rien d'extraordinaire, mais on n'a pas le droit et je ne le savais pas car ils ne nous avaient rien dit au briefing. Je n'étais pas au courant.
La deuxième partie de la course ?
"Pour le deuxième départ, j'avais eu le temps de bien me reposer et de m'hydrater, donc j'étais prêt pour les six tours. Je suis parti correctement. Dans le premier virage, j'étais à l'intérieur de Magnoni, et je lui ai fait l'extérieur dans le deuxième pour me placer en troisième position. Ensuite je me suis placé à l'extérieur de Savadori puis j'ai repiqué à l'intérieur et je l'ai doublé en accélération. Je me suis retrouvé deuxième sans forcer. Je n'avais pas extrêmement mal car mon niveau de concentration était élevé. J'ai ensuite passé La Marra comme j'avais doublé Savadori : extérieur, repiqué à l'intérieur puis doublé à la force du moteur. J'ai alors pensé que c'était un peu tôt pour avoir pris la tête de la course.
"Mon épaule commençait alors à tirer et j'ai pris des trajectoires coulées pour avoir le moins mal possible. A deux tours de la fin, j'ai commencé à fermer les portes. Quand je roulais à un ou deux dixièmes de mes chronos, j'avais un mal de chien, mais quand je roulais un ou deux dixièmes plus vite, j'avais beaucoup moins mal. Comme l'arrière commençait à glisser, ça me permettait de me concentrer à l'accélération pour ne pas faire d'erreur. Ensuite j'ai fermé toutes les portes, et voilà.
Le fait que Magnoni en tant que wild card se soit intercalé entre toi et Savadori et La Marra, c'est bien pour toi au championnat.
"Oui, c'est sûr. Je n'aurais jamais pensé me retrouver en première position, surtout après cette blessure. Gagner la course, prendre la tête du championnat, en plus avec 11 points d'avance, c'était inespéré.
En fin de course, ton coéquipier Lorenzo Baroni est revenu comme une balle sur toi. Ça t'a inquiété ?
"Non, pas du tout, mais il y aurait eu un tour de plus je n'aurais rien pu faire. Il roulait cinq dixièmes plus vite que moi et je n'aurais pas pu le contrer.
Il y 20 jours entre Misano et la prochaine course en Aragon. Tu penses que ça ira mieux ?
"Oui, ça ira beaucoup mieux physiquement. Je ne serai pas encore à 100%, mais plutôt entre 60 et 70%. A Misano j'étais à 40% et j'ai pu m'en sortir grâce à mon expérience et à mon team qui a vraiment bien travaillé."
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Encore félicitations à Sylvain c'est énorme ce qu'il a fait...