Course très intelligente de Cluzel :
Supersport : Interview de Jules Cluzel, vainqueur à Monza
Pour sa quatrième course en championnat du monde Supersport, Jules Cluzel a remporté une superbe victoire en Italie. Dans ces conditions d'adhérence difficiles, il a réussi à s'imposer dans cette catégorie qu'il découvre et à laquelle il s'est très vite adapté.
Tout d'abord, comment se sont passés tes essais ?
"Plutôt bien car dès la première séance, et même les premiers tours, j'étais déjà dans les chronos de la course de l'année dernière. La seule chose est qu'on savait qu'il allait pleuvoir normalement le samedi. On avait bien regardé la météo et on savait que le vendredi après-midi allait être important, car c'est cette qualif qui allait décider de la place sur la grille de départ pour la course. J'étais assez content de ma quatrième place lors de la première séance libre car je pouvais ainsi peut-être aller chercher la pole pendant la première qualif. C'était bien. En fait, je me suis rapidement rendu-compte que j'avais un souci d'embrayage et au cinquième tour quand je me suis arrêté j'ai su que je ne repartirais jamais parce que l'embrayage était mort. Je n'ai pu me qualifier que dixième à cause de ça. En fait, on a quand même eu le samedi matin de sec et j'en ai profité pour faire les tours que je n'avais pas pu faire en qualification. J'ai réalisé le deuxième temps à un dixième donc franchement j'étais à l'aise et si ça avait été sec je pense qu'on aurait eu moyen d'aller chercher la pole. J'avais un bon feeling pour la course, j'étais vraiment à l'aise.
"J'aurais quand même préféré que ce soit sec pour la course parce qu'on prend toujours un poil moins de risques que sur le mouillé. Mais il s'est mis à pleuvoir très fort pour la première manche Superbike et quand on est parti c'était complètement humide.
Tu as pris un super départ…
"Oui, pas mal. Après, je me suis retrouvé quatrième à la sortie du deuxième virage, puis rapidement deuxième derrière mon coéquipier Sam Lowes. Après j'ai essayé un peu de jauger comment j'étais sur la moto, voir les chronos qu'on réalisait et surtout l'écart avec ceux de derrière. J'ai pu voir rapidement qu'on avait une avance importante sur le troisième. De là, j'ai juste essayé de rester derrière Lowes en prenant le moins de risques possible. Au septième tour il a fait un tout droit dans la chicane rapide d'Ascari et là je me suis retrouvé dans une autre position ! C'était alors carrément une autre course pour moi car mon idée d'origine était de le suivre, or là je devenais le chassé.
"Je savais que Lowes n'était pas tombé et qu'il n'avait pas non plus perdu trop de temps, donc après, vu qu'il est très rapide sous la pluie, qu'il allait essayer de me remonter dessus, qu'il allait attaquer plus, et c'est ce qu'il a fait.
"J'ai géré ça sur mon panneautage. J'étais bien panneauté donc j'ai pu voir les écarts à chaque tour. Dans les deux derniers tours, c'est là qu'il a vraiment attaqué pour venir me chercher mais il avait du mal à me reprendre. J'ai essayé d'augmenter mon rythme pour l'avoir le plus tard possible derrière moi.
"Il a tenté le freinage dans le dernier virage et moi j'ai essayé de freiner tard. J'ai écouté le bruit de son moteur dans la dernière ligne droite juste avant, je me doutais qu'il allait tenter quelque chose. J'ai donc essayé de freiner super tard pour qu'il soit obligé de freiner encore plus tard. Il a un peu élargi et moi je me suis infiltré. Et voilà.
C'est bon au championnat car ça te met quatrième à 13 points de Sofuoglu et à 1 point de Foret.
"Oui, c'est bien, j'ai récupéré 10 points à Assen et là 9 sur Sofuoglu. Je me rapproche. Tant mieux, c'est un peu l'objectif. On va essayer de continuer sur cette lancée à Donington."
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PAF dans la face du SBK :
SBK à Monza : Pirelli furieux
Lors de la journée de dimanche, tout s'est passé normalement en Superstock 1000 et en Supersport. Par contre en Superbike ce fut la panique totale et plusieurs pilotes en ont rendu Pirelli responsable. Cela n'a pas du tout amusé les responsables du manufacturier italien et voici le point de vue de Giorgio Barbier, directeur de la compétition Pirelli moto.
"Le week-end à Monza a été conditionné le samedi par les conditions météorologiques qui étaient extrêmement instables, avec du beau temps, tout à coup en alternance avec de la pluie et parfois même de la grêle. Pour le Superbike, tout d'abord je voudrais faire une remarque importante sur la Superpole du samedi : Pirelli a toujours recommandé que les équipes et les coureurs utilisent les pneus intermédiaires qui sont à leur disposition. Cet avis, cependant, a été complètement ignoré puisque tous les pilotes ont utilisé des pneus pluie. Clairement la raison de cela est le fait que la piste était complètement sèche à certains endroits, tandis que dans d'autres elle était humide en raison d'arbres le long de la piste qui ont empêché l'asphalte de sécher. Les pneus pluie fonctionnent bien à 50 °/ 60 °, mais sur les deux lignes droites consécutives, qui étaient complètement sèches, ils ont évidemment atteint des températures bien supérieures à 200 °. Cela a provoqué un effondrement du centre de la bande de roulement.
"Je tiens aussi à rassurer tout le monde sur ce point que les pneus Pirelli ont une structure particulière avec une carcasse en acier, et donc il est absolument impossible pour eux d'exploser. Cela dit, le dimanche les pilotes dans la catégorie Superstock ont couru comme prévu, dans des conditions qui étaient encore pires que celles pendant les courses de Superbike, en utilisant les pneus pluie à l'avant et intermédiaire ou pneus de course à l'arrière. En Supersport, comme une preuve supplémentaire que les pneus Pirelli pluie peuvent certainement effectuer une course complète sans problème, les coureurs ont couru et ont terminé avec les pneumatiques pluie. C'est une honte que, bien que les pilotes de Superbike aient eu deux solutions intermédiaires mises à leur disposition pour l'arrière, ils n'ont envisagé seulement que d'utiliser les slicks de course. Une fois que la course a commencé, en tout cas, il était clair que, même dans ces conditions, une bonne course pourrait être disputée."