Livio Suppo résume super bien ce que je pense
Livio Suppo : Rossi, Stoner et les errements de Ducati
Livio Suppo est le directeur communication et marketing du HRC mais avant ça il était aussi le team manager de Ducati en MotoGP.
L’homme est également à la base de la venue de Stoner chez Repsol Honda et n’est pas un grand admirateur de Valentino Rossi. Alors quand nos confrères le rencontrent après une saison désastreuse de Rossi et une saison éclatante de Stoner, ils ne peuvent parler que de l’animosité qui règnent entre les deux rivaux et des difficultés rencontrées par le constructeur italien.
Pour commencer, Suppo estime que Ducati, en changeant son concept pourra permettre à Valentino Rossi de retrouver sa pointe de vitesse. “Je crois en la capacité de Ducati à fabriquer une bonne moto; avec une meilleure moto, Valentino Rossi reviendra à son niveau d’antan. Je suis sûr que, avec le châssis fabriqué selon ses indications, il retrouvera sa motivation et sa pointe de vitesse“.
Cependant, après ces bons mots, l’italien ne pouvait s’empêcher, et c’est de bonne guerre, de rajouter une pique ou l’autre et un peu de pression sur les épaules de Borgo Panigale.
“L’année prochaine il y aura de nombreuses nouveautés, mais je pense que la hiérarchie ne changera pas et que le titre se jouera entre Stoner, Pedrosa et Lorenzo. Ce sera une saison intense et difficile pour tout le monde: notre objectif est de gagner à nouveau. Bien sûr, Ducati se donne toujours les moyens et Rossi sera toujours Rossi.L’année prochaine il aura la moto qu’il voulait, nous verrons comment il se comportera. Si Valentino gagne, le mérite sera sien, s’il échoue la faute sera celle de Ducati“.
Si Livio Suppo n’est pas un grand fan de Rossi, c’est parce qu’il est avant tout un grand admirateur de Casey Stoner. Et il l’était déjà lorsque l’Australien est arrivé chez Ducati.
“En 2005, j’avais rencontré le père de Casey. J’adorais sa façon de piloter,on pouvait voir que c’était une bête. Quand, avec Gibernau, nous n’avons pas pu trouver d’accord financier, avec Stefano Domenicali nous nous sommes dit: essayons le gamin. A l’époque, quand Casey est arrivé, il a commencé comme Rookie dans l’équipe de Lucio Cecchinello.
Ça faisait peur, il avait raté les tests hivernaux parce qu’il s’était cassé l’épaule, mais dès la première course, il a terminé sixième, cinquième la seconde en partant de la pole et deuxième lors du troisième Grand Prix. Ça ne faisait aucun doute qu’on était face à un phénomène.
La première fois qu’il est entré dans le garage à Valence, en 2006, il avait apporté un modèle réduit de la Ducati pour la faire signer par Loris Capirossi. on lui a demandé “C’est pour un ami?” et il a répondu, “Non, c’est pour moi“”.
Stoner a été fortement critiqué. L’électronique, les pneus, une Ducati invincible…Suppo, lui, rejette tout ça et les derniers résultats de Stoner semblent lui donner raison.
“Quand on a dit qu’il gagnait grâce à l’électronique, aux pneus et au moteur de la Ducati, sa seule et unique faute était de battre Rossi. En 2007, il a gagné dix courses, même dans des Grands Prix où le moteur comptait peu. Cette saison là a été l’apothéose de la défense de Valentino, parce que personne n’acceptait qu’il y ait un pilote plus fort que lui“.
Identifier les raisons de l’échec de la Ducati en 2011 n’est pas un exercice facile car c’est plus que vraisemblablement un mixte de plusieurs facteurs mais Livio Suppo en sort un. Ducati a voulu trop en faire. “Mon sentiment est que, en ayant engagé Valentino, ils n’ont pas voulu se satisfaire de performances ‘normales’, et qu’ils ont voulu faire plus que ce qui était dans leurs moyens. Je n’ai jamais vu autant de changements sur la Ducati que cette année“.
Livio Suppo prêche, bien entendu, pour sa paroisse mais certaines vérités semblent plus que jamais incontournables. Les deux de cette année qu’on ne pourra nier sont que Casey Stoner a été parfait et Valentino Rossi, à la ramasse.
Si l’Australien semble bien placer pour rééditer son exploit, il ne faudrait certainement pas enterrer trop vite un nonuple champion du monde, qu’on disait déjà trop vieux après le premier titre de Stoner en 2007. Depuis, l’Italien a tout de même remporté deux couronnes…