Bradl et Bautista…les pilotes satellites sont sur orbiteAlvaro Bautista devait découvrir sa nouvelle équipe et sa nouvelle machine. Au bout des trois jours, s’il a constamment amélioré ses temps, il se retrouve tout de même à une seconde et sept dixièmes de Stoner. Il lui reste donc pas mal de travail avant d’aborder le second test de l’année d’ici la fin du mois.
Stefan Bradl devait, quant à lui, en plus de découvrir sa machine, découvrir le MotoGP. Et avec un meilleur chrono à 2,2 secondes de Stoner, il ne s’en est pas trop mal tiré.
Stefan Bradl : « En considérant l'ensemble des trois jours de travail effectué ici à Sepang, je suis satisfait de mon premier test sur ma nouvelle machine. Tous les jours, nous avons fait quelques petits ajustements pour améliorer mon style de pilotage et je me sens plus à l’aise maintenant. Nous avons récolté des données importantes pour les prochains essais d’ici à la fin du mois et je suis sûr qu'il y en aura encore plus d’ici là. Il y a beaucoup de travail à faire mais en général, j'ai vécu une première expérience positive. Bien sûr, je tiens à remercier Lucio, l’équipe et le les techniciens du HRC pour leur support pendant ces trois jours ».
Alvaro Bautista : « Le premier test est terminé et l'évaluation de ces trois jours est positive. Même aujourd'hui, j'ai franchi une nouvelle étape en améliorant surtout mon rythme. Nous avons très bien travaillé et le premier contact avec la RC213V était très bon. Maintenant, avant le prochain test, j'ai un peu de temps pour réfléchir et penser à tous l'éventail des informations acquises durant ces trois jours. Nous avons besoin de les remettre en bonne en ordre et être prêt pour les trois prochaines journées d'essais en Malaisie. Je suis heureux, satisfait et très confiant pour l'avenir. Les synergies avec l’équipe et Honda est merveilleuse et cela va nous permettre d'atteindre des résultats positifs. Enfin, je dois dire que la chose qui m'a le plus impressionnée sur la RC213V est certainement l'électronique et de sa gestion qui vous permet de guider l’incroyable puissance de la 1000 ».
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Johann Zarco : «ce dont j’ai besoin aujourd’hui, c’est de conserver cette mentalité de ‘crève la faim’ »A l’aube d’une saison charnière pour Johann Zarco, nous l’avons rencontré afin d’effectuer un premier tour d’horizon sur sa première expérience en Moto2, ses attentes pour 2012 mais également sur le pilote et ses qualités, ses armes pour affronter ce nouveau challenge.
C’est un pilote motivé et travailleur que nous avons pu interroger et qui, malgré son jeune âge, est déjà impressionnant de maturité.
Revenons juste une minute sur 2011. Terol était loin d’être imbattable et même s’il t’a manqué deux ou trois victoires tu as pu afficher une belle régularité. Qu’est ce qui a fait la différence entre toi et lui ? La moto ?
De l’extérieur, spectateurs et journalistes ont eu l’impression que sa moto était supérieure à la mienne, mais ce n’est pas l’explication que je retiens. Terol partait favori et il a répondu présent dès la première course. Il a réalisé un incroyable début de saison en gagnant au Qatar, à Jerez, à Estoril et en Catalogne, tandis que moi, à ce moment-là, je n’étais pas encore au niveau.
Il a été fort dès le début, alors certes, sa moto pouvait lui permettre d’être champion mais il était également bien préparé.
Te voilà maintenant arrivé en Moto2 avec JIR. Tu as eu l’occasion de travailler avec eux pendant quelques jours, c’est un peu court mais quels sont tes impressions sur l’équipe?
JZ : Jusqu’à présent, mes contacts avec ma nouvelle écurie ont principalement eu lieu avec le team manager de la structure italienne, Gianluca Montiron, et le feeling est bon. Avec mon coach, Laurent Fellon, nous avons ressenti sa motivation, il est team manager non pas, parce qu’il est un businessman, mais parce qu’il est un passionné de la moto. C’est un ancien mécano qui connaît le domaine et que j’apprécie parce qu’il veut nous donner les moyens d’y arriver.
Ensuite, au niveau de l’équipe, c’est un véritable plaisir de retrouver l’ambiance 100% italienne et donc très chaleureuse, ce qui va me changer énormément de chez Ajo.
Je vais travailler avec une équipe qui a beaucoup d’expérience, alors moi, de mon côté, j’ai énormément travaillé cet hiver afin d’être prêt et d’ainsi pouvoir leur donner le meilleur feedback possible.
Sur la moto ?Comme tous les pilotes 125 lorsqu’ils montent sur la 600 cc quatre temps, il y a le poids de la moto qui perturbe un peu ainsi que le frein moteur. Ce qui m’inquiétait avant de monter sur la Moto2 c’était le fait de pouvoir mettre la moto sur l’angle, mais finalement la Motobi, donc la TSR, se couche assez bien et c’est une bonne chose. Après ça, là où il faut beaucoup travailler, et prendre beaucoup de physique, c’est sur la largeur des pneus. Savoir bien manier la moto afin de pouvoir bien accélérer, pour bien la faire glisser. Ce sont des choses qui commencent à venir mais il faut beaucoup de kilomètres pour que ça devienne automatique.
Dans une interview donnée à l’occasion du salon, tu disais que lors de la journée d’essais sur le sec, tu avais pu mesurer la distance qui te sépare des hommes de pointe et que ça t’a permis de voir tes lacunes et savoir sur quel points tu allais devoir travailler. Justement quels sont ces points ?Lors des tests, j’ai suivi les bons pilotes et j’ai pu analyser leurs points forts. Ils arrivent à sortir très fort des virages, lorsqu’ils accélèrent, ils n’ont pas peur de la puissance et ils arrivent à faire glisser la moto comme il se doit. Ils savent se servir de leurs pneus et moi, c’est un des points sur lequel je manque encore de feeling, je ne manie pas assez la moto. La différence avec Iannone, par exemple, c’est que lui peut entrer vite et large dans le virage mais malgré tout, reprendre le point de corde. Tout ça s’explique par le fait qu’il n’a aucune hésitation, qu’il y va franchement. Pour pouvoir arriver à ça, je devrai rouler beaucoup et intelligemment.
Tu disais aussi que les résultats irréguliers étaient plutôt dus à des problèmes de concentration. Justement, cette concentration, comment est-ce que tu la travailles ?La concentration elle arrive avec la régularité, le kilométrage et, comme je le précisais, en roulant intelligemment, ce qui signifie ne pas rouler toute une journée sans objectif. Il faut savoir se faire des séances au cours desquels l’objectif est de rester pendant quelques tours dans le record de la piste ou en tout cas dans son propre record du circuit. Lorsqu’on y arrive, la concentration vient d’elle-même et on peut alors rester à la limite beaucoup plus longtemps.
A quelques jours de la reprise, quelle est la journée type de Johann Zarco ?Je m’entraîne énormément. Physiquement, je n’ai pas beaucoup le temps car j’essaye d’être quasiment tous les jours sur la moto. Je me lève donc très tôt car il faut être prêt pour partir à 10 heures afin d’arriver sur le circuit d’Alès à 11 heures et commencer à rouler à midi jusque 16 heures. Et puis, lorsqu’on part s’entraîner en Espagne, il y a également tout le travail de préparation de la moto et de notre camion atelier. Les journées sont donc bien remplies.
Quand on voit les pilotes français actuellement, on peut se dire qu’ils ont quasiment tous des difficultés, Cluzel et di Meglio sont de bons exemples. Toi, tu vas maintenant arriver en Moto2 avec comme objectif le MotoGP. En regardant ta saison, on se dit que tu as ce petit quelque chose en plus qui peut t’amener là-haut. Selon toi, quelles sont tes qualités qui te le permettront ?
Ce n’est jamais simple de pouvoir dire, soi-même, quelles sont ses plus grandes qualités, mais lorsque j’en parle avec Laurent (Fellon, son coach) il me dit que j’ai une grande capacité à écouter ceux qui ont plus d’expérience que moi.
Il n’a de cesse de me répéter de ne pas me relâcher, d’être intense comme en 2011 et surtout de ne pas me croire arriver même si, par rapport à la saison dernière, on peut avoir un peu plus de confort financier.
Ce confort il est tentant mais il ne faut pas l’accepter car c’est l’ennemi de la mentalité de battant qui est la mienne. Je n’ai que 21 ans et c’est un âge auquel on peut vite se relâcher, il faut donc que je continue à réaliser que, tant que maintenant, rien n’est acquis. A 25 ans, les choses seront peut-être différentes mais ce dont j’ai besoin aujourd’hui, c’est de conserver cette mentalité de ‘crève la faim’.
On sait aussi que tu aimes changer de casque et porter des réplicas. Nous prépares-tu d’autres surprises ?C’est une question qu’il faut poser à Laurent et à Shark, mon partenaire casque depuis le début de ma carrière en Grand Prix. Ils nous ont déjà posé la question car visiblement, ça plaît beaucoup. Moi, je suis concentré à 100% sur ma saison mais de ce point de vue-là, Laurent a des idées derrière la tête et il va vous préparer quelque chose, donc, comme de fait, vous pourriez avoir quelques belles surprises cette saison encore !
C’est donc un Johann Zarco pleinement concentré sur sa préparation que nous avons rencontré. Ce pilote ne cesse de nous étonner par sa maturité et sa rage de vaincre, ce qui, dans un championnat aussi relevé que le Moto2, seront d’indéniables qualités pour parvenir à ce bel avenir qui lui semble promis.