Devinnez ce que j'ai essayé? Oui, oui, une belle italienne avec 3 cylindres, au tempérament sportif très affirmé!
Rangez vos mâchoires, ce n'est pas la MV F3!... vu qu'elle n'est pas encore sortie. C'est pas encore noël......
Mais presque!
J'ai eu droit à une belle surprise, la chance d'essayer la Benelli Tornado Naked Tre 1130 R160.
Je dois expliquer que cet essai était en fait un des tests d'évaluation pour être journaliste à Moto Revue. Moi qui m'attendais à essayer une "basique"...
Maintenant, je peux offrir ce compte-rendu puisque l'essai est sorti en kiosque.
La découverte de la moto s'est effectuée au sous-sol, sous un éclairage plus que moyen. Pour détailler ce bijou faudra attendre un peu, mes mirettes ont un sursis. Par contre, pour les sensations auditives c'est tout de suite! Un coup de bouton et je le monstre se réveille. L'échappement, éructe un grondement grave et bien rauque. En colère la bête! On sort du garage et c'est parti pour une portion d'autoroute pour rejoindre les petites routes viroleuses du Vexin. La protection offerte par le bloc compteur est satisfaisante aux allures légales. Au delà, on en prend quand-même plein la quiche. Heureusement, ni l'autoroute, ni le trafic parisien ne durent trop longtemps, surtout vu la poigne requise pour actionner la commande hydraulique de l'embrayage à sec et le rayon de braquage de camion. Le moteur s'est d'ailleurs montré à son avantage dans ces 2 exercices : très souple et plein de vigueur, on joue peu du sélecteur et de ce "viril" levier d'embrayage.
Les virages se profilent à l'horizon, la partie de plaisir commence. Tout de suite les suspensions se montrent à leurs avantage. Sportives, réglables en tout sens, elles sont fermes mais pas inconfortables, aidées dans cet exercice par une selle épaisse, moelleuse et bien dessinée. Elles n'ont pas non plus oublié d'être rigoureuses... même si le bitume n'est pas impeccable. La TNT vole d'un virage à l'autre avec célérité. Quelques virages bien serrés nécessitent la prise des freins. Entièrement radiaux (étrier + maître-cylindre), ce compartiment du jeux est sans critique. Puissant mais surtout dosable, il permet de planter quelques bon gros freinages de trappeurs sans sourciller. Une voiture un peu au delà de sa voie dans une courbe et le virage suivant se referme. Je prends le levier un peu brusquement, là la moto se redresse sèchement mais sans violence. La Benelli ne déroge pas à la règle, les "sportives", rigides et rigoureuses ne sont pas les reines de l'improvisation. En comparaison, la street pas si permissive que ça quand on l'emmène vraiment vite est quand même nettement plus prévenante. Le moteur, même en 100cv est une usine à sensations, il est très coupleux, rageur comme celui de la street. Plein comme celui d'une Speed, voire un peu plus même, mais nettement moins linéaire et carrément plus démonstratif (un peu comme le 955, plein de caractère.... en mieux!). Le bridage, une "cale" à l'accélérateur, permet de garder une courbe moteur identique (contrairement au bridage électronique des japonaises qui "coupent" d'un coup et frustrent par la même occasion le pilote) mais atténuée. Nul doute que ça doit être vraiment très pêchu en 160cv!!!
Les aspects pratiques ne sont pas totalement oubliés même si les concepteurs de la Tornado Naked Tre sont restés légers. Une tout petit rangement sou la selle pilote (un peu plus petit que celui de la street) et des warning dont la commande, située à la base de la poignée droite, n'est pas du tout ergonomique. Quand on tend le pouce pour éteindre les feux de détresse, on "accroche" l'accèl, ce qui fait irrémédiablement "sursauter" le moteur.
La finition, comme l'ergonomie sont de haute volée même si quelques détails chagrinent. L'état de surface du réservoir (la partie noire, pas les habillages qui sont somptueux), ou le fût "creusé" à l'avant du réservoir juste devant la colonne de direction, étroit et profond qui rend la manipulation de clé de contact, peu aisée avec des gants d'été (j'imagine mal avec les gants d'hiver!).
J'ai passé un super moment. La moto fait peut-être 220kg, seulement 106cv, et est quand même un peu physique à emmener, c'est vraiment une machine hors du commun, sensationnelle (au sens 1er du terme et pas seulement!), charnelle même car on fait corps avec cette diva. Les yeux, le toucher sont comblés par la robe blanche nacrée rehaussée par le cadre et le bras peints en rouge et aussi les commandes presque parfaites. Mais aussi par ce moteur envoûtant par sa voix mais aussi et surtout pas son caractère.
Moi qui adore les machines bien trempées, j'ai été plus que servi.
Bon, je n'ai pas eu le job mais pour quelqu'un qui n'est issu ni du journalisme ni de la moto mais je suis content d'être allé jusqu'au bout (en "finale" pourrai-je dire puisque nous n'étions plus que 2). C'était une expérience très enrichissante (je ne lis plus les revues moto de la même façon maintenant). Merci à Thomas Chignac et Moto Revue.